La pyrogravure fait appel à un principe simple, celui de graver le bois en le brûlant. D'autres matériaux sont aujourd'hui utilisés comme le cuir ou le verre. On comprend aisément, grâce à ce qu'est la pyrogravure, que ses origines sont lointaines dans notre histoire. Du bois, du fer et du feu suffisent pour réaliser des dessins pyrogravés. Même si la technique utilisant un pyrograveur moderne est relativement récente, l'art de la pyrogravure a pris naissance dans des cultures antiques. De nombreux objets rituels pyrogravés ont été retrouvés, témoignant de l'existence de la pyrogravure comme art primitif. Remontons ici le cours du temps pour comprendre l'histoire de la pyrogravure, de ses origines à nos jours.
Sommaire
Les origines de la pyrogravure
La technique de la pyrogravure repose sur le principe simple de graver des dessins sur un support, le plus souvent en bois, à l'aide d'une pointe chauffée. On peut imaginer que la découverte du fer par l'Homme a rendu possible cet art ancestral. Personne ne peut affirmer l'époque précise de l'origine de la pyrogravure, mais de nombreuses civilisations antiques ont laissé des traces, notamment avec des objets rituels.
La plus ancienne pyrogravure découverte date de l'Antiquité et il a été estimé qu'elle date environ de 700 ans av. J.-C.. Elle a été mise au jour au Pérou, à Nazca et il s'agit d'un vase avec une gravure représentant un dessin d'oiseaux.
La technique même de la pyrogravure fait supposer qu'il existait de nombreuses applications sur des supports variés. La facilité de réalisation d'une pyrogravure, à l'aide de quelques outils et d'une source de chaleur pour provoquer une réaction d'oxydation, rend cet art accessible à de nombreuses civilisations dans l'histoire.
On sait aussi, grâce à des fouilles archéologiques, que les Romains savait utiliser la pyrogravure et s'en servaient pour agrémenter leur quotidien. Des objets usuels ont été retrouvés, notamment des bijoux, des panneaux décoratifs ou encore de la vaisselle. L'objet le plus caractéristique qui a été retrouvé de cette période est sans doute une corne qui avait été creusée et dont les Romains se servaient pour boire. Ils ont utilisé la pyrogravure pour décorer cette corne à l'aide de dessins produits avec une pointe métallique et de la chaleur. Ainsi, la pyrogravure était utilisée pour décorer des objets usuels quotidiens produits par l'artisanat.
L'histoire de la pyrogravure : évolution et anecdotes
La pyrogravure a trouvé ses lettres de noblesse au Moyen-àge, en quittant progressivement son simple statut de décoration d'objets artisanaux pour devenir un art à part entière.
La surface utilisée est souvent le bois ou le cuir, mais peut aussi être de l'os ou de l'ivoire. A la fin du 15e siècle, le dessinateur et peindre Albrecht Dà¼rer s'est intéressé de près à la pyrogravure et a produit de nombreuses oeuvres pyrogravées sur bois et sur cuivre. Il utilisait un tisonnier pour graver ses dessins sur les supports. Il laisse derrière lui plus de 200 oeuvres sur bois et 100 oeuvres sur cuivre. On lui connaît notamment une "Petite Passion" avec un ensemble de 37 gravures, particulièrement célèbres. Albrecht Dà¼rer a permis d'ouvrir la voie à de nombreux graveurs notamment en Italie et en Europe du Nord.
Un peu plus tard au 17e siècle, on dit que le peintre Rembrandt lui-même se servait de la pyrogravure pour décorer les lambris en bois des murs des tavernes pour payer ses consommations.
En Grande-Bretagne, des pyrograveurs professionnels exerçaient leur art à la Cour pour décorer des bâtiments de l'époque du règne d'Elisabeth 1re. La pyrogravure servait alors non seulement à décorer des meubles en complément de la marqueterie, mais aussi orner des portes, des poutres, etc.
Au 19e siècle, à l'époque victorienne, l'art de la pyrogravure commence à se démocratiser et le peuple accède à cette technique d'art décoratif. Le procédé n'est cependant pas facile à utiliser. On utilise alors du charbon incandescent pour chauffer des pointes de fer et graver ensuite le bois ou d'autres supports.
Il a fallu attendre quelques avancées technologiques pour qu'apparaisse une machine permettant de chauffer les pointes de fer au benzène. La température pouvait alors être constante et facilitait grandement les travaux de gravure. Néanmoins, les appareilsn'étaient pas aisés à manipuler, puisque la chaleur était produite grâce à la combustion du benzène.
Victor Hugo lui-même a beaucoup réalisé de dessins pyrogravés notamment pour la décoration de la chambre de Juliette Drouet sur l'île de Guernesey. Victor Hugo avait imaginé tout un décor en s'inspirant de l'art chinois pour orner le salon de Juliette avec, entre autres, des pyrogravures humoristiques.
La technique de la gravure sur bois avec de la chaleur a beaucoup évolué et a pris son essor à la fin de 19e siècle avec l'apparition du thermocautère, cet appareil de médecine destiné à cautériser les plaies ou brûler des tissus malades. La cautérisateur du Dr Paquelin a été un élément déclencheur. En 1888, Manuel Périer s'est inspiré de cet outil pour créer un pyrograveur électrique.
La pyrogravure : du XXe siècle à aujourd'hui
L'apparition et la démocratisation de l'accès à l'électricité a simplifié beaucoup de choses pour les pyrographes. Les premières machines étaient dérivées du fer à souder. Elles ont ensuite évolué et l'accès s'est développé de façon importante. La pyrogravure était même une activité prisée parmi les écoliers dans les années 1950.
Dans les années 1970, l'évolution des techniques a permis de commencer à commercialiser des pyrographes de qualité professionnelle pour le grand public. Les machines à pyrograver ont pu être produites en série. La technique a commencé à nouveau à intéresser des amateurs, puis des artistes et non seulement les enfants. En pouvant contrôler la température, les pyrograveurs gagnent en précision et cet art se développe beaucoup à cette époque. De nouvelles pratiques voient le jour grâce à la facilité d'utilisation des appareils. Des accessoires apparaissent. On peut changer les embouts pour dessiner de façon plus ou moins fine et précise sur le support. Il existe des embouts de différentes tailles et de différentes formes. Les dessins pyrogravés peuvent être très détaillés et avec des nuances variées. En associant la peinture, les pyrographes créatifs intègrent la couleur dans leur travail.
Aujourd'hui, les appareils permettent des nuances très subtiles avec la possibilité de moduler la température jusqu'à 500 °C. Les gradations dans les teintes sont très variées. Les supports choisis se diversifient également : verre, liège, papier.
Un peu tombée en désuétude à la fin du 20e siècle, la pyrogravure réapparait avec succès de nos jours. De nombreux artistes africains ou australiens l'utilisent beaucoup aujourd'hui. En permettant de graver des symboles graphiques parfois ancestraux, la pyrogravure participe à la transmission de traditions en utilisant des matériaux et des méthodes naturelles.
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